vous prenez des alliages particuliers, légers et solides, vous prenez du carbone pour fabriquer une lame capable de soutenir et de propulser un corps humain. des vis, des plaques, des tournevis.
vous prenez une petite fille qui a échappé au regard de l'échographe et surprend terriblement ses parents en naissant....puis continue de les surprendre sans cesse.
vous prenez un pays très beau, un peu pauvre, très ensoleillé.
vous prenez des empreintes.
vous prenez des athlètes de haut niveau. par exemple de triathlon.
vous prenez des trains, des avions.
vous prenez la mondialisation, le déséquilibre Nord-Sud.
vous prenez des familles, petits enfants, grandes sœurs, pères et mères.
vous prenez l'art de se débrouiller pour fabriquer ou réparer quelque chose.
vous prenez ce qu'on appelle "le nerf de la guerre".
vous prenez l'ostéosarcome, l'amputation nécessaire, et ce qui suit.
vous prenez le début d'une soirée, après le repas, quand on a dîné dehors, et qu'on parle dans l'obscurité revenue.
vous prenez une course à vélo, longue et dure, dans les montagnes : les cols, le souffle, l'acide lactique, les muscles.
vous prenez des contrôleurs contrôlés, notés au zèle.
vous prenez la chaleur particulière de la paume des mains, celle de la pulpe des doigts.
vous prenez des bidonvilles. vous prenez des institutions et leurs membres.
vous prenez l'immigration clandestine, une sorte de guerre qui n'a pas de nom, pas d'arme, mais des morts, des fugitifs innombrables.
vous prenez un verre de thé brûlant. l'hospitalité, le rire, les larmes qui montent et qu'on retient.
vous prenez des gens qui n'aiment pas laisser tomber, qui parfois enragent, ou jubilent.
vous prenez des barres parallèles.
vous prenez le malheur, ce qu'il fait faire aux gens, dans un sens ou dans l'autre.
vous prenez le plaisir de se retrouver après un long temps sans se voir.
vous prenez l'extrême précision de la statique vertébrale, des jeux articulaires, et ce qui nous permet de sentir la position de nos membres.
vous prenez l'expression d'un regard, très concentré.
vous prenez le verbe apprendre, le verbe rencontrer.
Avec tout ceci, vous faites une histoire vraie, genre tribulations d'un chinois en Chine, mais qui ne se passe pas en Chine, plutôt autour de la divine Méditerranée, et dans les montagnes, les déserts, ou les villes populeuses.
Ce récit véridique, cette histoire pleine de joies et de colères, de découragements et de courage, pleine de fatigues et de repos, de voyages et de démarches, vous l'entourez de la description du monde, des maisons, des instants et des couleurs, des saisons variables.
Et dans tout cela vous mettez la justesse dont vous êtes capable, celle qui fait que le réel toujours nous entoure, et parfois......nous obéit.
... Ailleurs... la préface de Claire Cassagne