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Neige, eau

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Neige, eau Empty Neige, eau

Message par Invité Mar 4 Sep 2012 - 6:14

Juste un bisous de nuit. Les gros nuages de pluie d'hier soir sont partis et la lune est brillante comme jamais. Je n'ai pas envie de me recoucher. ça fait les affaires du chat qui ronronne à coté de moi comme une locomotive diésel. J'étais parti deux jours à pied dans les crêtes vosgiennes et suis rentré avant hier soir. Là haut l'hiver à commencé, délicatement lorsque je suis arrivé, avec une fine pellicule de neige sur le sentier des roches où je m'étais engagé, avec des bancs de brumes voilant un soleil rare, avec, tout en bas, les vallées alsaciennes encore colorées par l'automne; vertes et feux pendant que j'évoluais dans un paysage fait de noir et de blanc. Je suis passé à coté d'un premier chamois et nous nous sommes observé durant quelques secondes avant de continuer notre chemin lentement. Durant cinq heures je me suis ainsi déplacé prudemment, émerveillé par cet hiver qui s'accrochait à la montagne, à ce sentier suspendu au dessus du ravin alsacien. J'ai revu un autre chamois; un gros mâle hirsute qui n'a pas bougé davantage que le premier, puis encore un autre un peu plus loin, tous à une dizaine de mètres. Vers trois heures de l'après midi je suis arrivé en haut de la chaume du Kastelberg entre brume et ciel bleu. Le vent violent balayait la neige. J'ai débusqué un gros lièvre tout pataud dans la poudreuse. Sur le sentier des névés, le long de la cime, j'avais de la neige jusqu'aux cuisses. J'ai dû quitter le chemin et marcher à travers pré pour ne pas risquer d'être poussé par le vent dans le ravin. La lune à commencé à briller et j'ai marché ainsi jusqu'au refuge atteins à la nuit tombante.

Après une douche brûlante Zoé m'a servi un bol de soupe. Le gros matou noir s'est installé sur mes genou. Je me suis couché à vingt heures et endormi presque immédiatement bercé par dans vent qui sifflait dehors. Au matin les vitres de ma chambre étaient recouverte de neige. Le soleil avait disparu. Il neigeait. Il neigeait. Les chemins étaient devenus invisibles, j'ai décidé de suivre la route recouverte d'une épaisse poudreuse jusqu'au lac de Blanchemer.

C'est marrant d'avancer ainsi dans la neige et le brouillard. évidemment j'ai eu partout le privilège de faire la première trace. Je crois que c'est dans cette descente vers le lac que mes derniers soucis m'ont vraiment lâché, ou plutôt; ils se sont devenus des éléments devant lesquels j'avais seulement à agir comme je le décidais, comme avec cette neige dans laquelle j'enfonçais jusqu'aux genou, comme avec ces croisées devant lesquelles je jouais avec mon intuition pour trouver le meilleur chemin.

J'ai trouvé un tout petit sentier à peine visible à cause des branches d'arbre couchées sous le poids de la neige. La petite pancarte indiquait le lac de Retournemer deux cents mètres plus bas. Le chemin est très vite devenu un ruisseau. Les couleurs revenaient sur le sol à mesure que je perdait de l'altitude. Du royaume de la neige je suis passé au royaume de l'eau, bien qu'il neigeait toujours.

J'ai continué ainsi dans la vallée des lacs. Au bout de celui de Longemer j'ai retrouvé le petit chemin que nous empruntions, mes frères, ma soeur et moi pour aller nous baigner en été lorsque nous étions enfants. Le Surceneux n'est qu'à un kilomètre de là. J'ai été boire à l'eau de la source. Je me suis lavé. J'ai bu beaucoup puis j'ai vidé l'eau de ma gourde pour la remplacer par celle qui courre dans le pré. La mémoire pleine des odeurs de l'herbe et du foin, de la voix de ma grand mère et de la moustache du grand père. J'ai décidé d'aller voir Jeanne et de lui rapporter l'eau. J'ai pris le chemin de béheuille au dessus de la roche du page avant de me diriger vers phoni et le col de Martimpré. Il neigeait toujours, de plus en plus fort. A Martimpré j'ai fait du stop jusqu'à Saint Dié, puis le train pour Etival.

A l'exclamation de surprise joyeuse dans l'interphone du foyer de personnes âgées j'ai compris que Jeanne allait bien. Nous sommes restés ensembles une heure et demie à parler très vite, comme si le temps allait toujours nous manquer, en buvant à petites lampées cette eau délicieuse comme on aurait dégusté un alcool blanc retrouvé au fond du meilleur tonneau. J'avais vu Jeanne presque mourante en juillet, en aout j'avais cru qu'elle perdait l'esprit, et là je la retrouvais aussi gaie et aussi solide qu'avant toutes ses épreuves. Nous avons évoqué les tristes cons de la famille qui l'ont dépossédé de la maison du Surceneux à coup de combines notariales et nous avons ri en nous resservant une rasade et en nous disant que nous avions la meilleure part.

Quand j'ai repris le train pour Toul il faisait nuit noire. Hier j'ai travaillé toutes la journée aussi zen que je peux l'être.

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Message par minnie Mar 4 Sep 2012 - 10:14

Tes nouvelles sont toujours aussi agréables à lire, mais souvent un peu tristounettes.

Cette fois-ci la ballade m'a entraînée avec toi, et je me vis marcher avec toi et découvrir comme-ci j'y étais la beauté des lieux.

Amicalement.


_________________
Amitiés.


Minnie.

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Message par Invité Mer 5 Sep 2012 - 6:14

Merci. Je suis heureux de t'avoir embarqué.

La tristounalité est l'autre coté de la page. L'un n'existe jamais sans l'autre, je suppose.


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Message par Invité Sam 8 Sep 2012 - 5:28

Voilà un bout de texte que je viens de dénicher. C'est écris par un des frère Dardennes, les cinéastes.

"L'art exprime la souffrance humaine. Il semble ne pas pouvoir faire autrement que l'exprimer. A chaque oeuvre, il peut nous reconduire dans notre surprenante disposition à la sympathie, dans notre état de faiblesse partagée, notre commune impuissance, humaine, si humaine, là où nous ressentons la peur de mourir et l'amour infini de l'autre, la souffrance pour autrui.
L'art exprime cette souffrance et, dans le même temps, exprime la sortie hors de celle-ci, la joie d'être là, au monde, aux autres, à la vie.
Par cette double expression de l'art nous faisons l'expérience de notre lien spécifiquement humain : lien à autrui et lien à la vie."

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