Eric, extrait de mon dernier livre.
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Eric, extrait de mon dernier livre.
Résumé de la situation: ça fait 8 jours que je pédale dans le décors fantastique du massif alpin depuis la frontière slovène. Durant ce périple de 14 jours durant lequel j'ai prévu de franchir les 105 plus haut cols du massif sur près de 5000km je dois rencontrer Eric, un de mes anciens patient devenu un ami exceptionnel.
......Eric et ses copains étaient stationnés sur le parking d'un large virage de la descente conduisant à Airolo.
"Saluuuuuut!!!!!!!!!!!"
Il y a des poignées de main plus importantes que d'autres. Des mains plus larges et plus fermes que d'autres. Des mains qu'on est pas pressé de lâcher mais qu'on lâche tout de même dans l'impatience du bonheur de ce qui va suivre. J'ai pensé à celle la depuis le début de mon voyage. On ne s'est pourtant côtoyé qu'une dizaine de jour en tout en pour tout mais Eric est dans ma tête quelqu'un de tout à fait spécial.
J'avais d'abord reçu à la maison un coup de fil d'un de mes meilleurs amis pour me parler de lui: Amputé de jambe à la suite d'un accident d'origine électrique, il était en rééducation dans un centre parisien. L'état de ses cicatrices était tel et son moignon si court qu'il portait un appareil bloquant son genou. On lui a proposé la version définitive d'une prothèse de ce type au bout d'une année. Alors il s'est vraiment mis à peser si cela valait la peine de vivre ainsi. Mon pote m'a mis en relation avec lui et ensuite tout s'est passé très vite: Eric m'a envoyé des photos de son amputation par internet que j'ai montré au médecin de mon service. Ensembles nous sommes immédiatement tombés d'accord sur le procédé d'appareillage pouvant lui convenir; un appareil de contact sur une enveloppe de silicone venant mouler l'intérieur de chaque cicatrice. J'ai proposé à Eric de venir habiter une semaine à la maison et d'apporter son VTT car je bosse à 30 kilomètres de chez moi. Eric nous a fait entièrement confiance et s'est pointé la semaine suivante en Véhicule sanitaire depuis sa Normandie natale jusque Nancy, sa bicyclette dans le coffre. Nous sommes rentrés le soir ensembles. Il s'est tapé les 30 bornes et les deux cotes avec son appareil d'essai.
Cette semaine là il a parcouru 250 kilomètres. Il ne s'était quasiment pas déplacé depuis un an. Eric ne fait jamais les choses à moitié. Lorsque je lui ai parlé de mon projet il a aussitôt étudié la possibilité de faire une ou plusieurs étapes. Il serait resté avec moi tout le week end si Jean-Luc et Philippe venus l'accompagner ne lui avaient pas proposé une randonnée pédestre de deux jours dans le massif de la Vanoise.
Dans ce coin de Normandie la solidarité avait prise des allures exceptionnelles. Eric ne devait pas qu'à sa seule volonté son extraordinaire vitalité. Son entourage s'était entièrement mobilisé pour lui. On avait l'air de savoir ce qu'il fallait pour vivre, là bas. C'est toujours avec bonheur que je pense à ce petit coin de Suisse Normande.
Pour l'heure, la Suisse, la vraie, était le théâtre de notre nouvelle rencontre. Eric m'a présenté à Jean Luc et à Philippe qui l'ont aidé à préparer son vélo de course et sans plus tarder nous nous sommes lancés dans la descente...sur la route réservée aux voitures bien entendu. Nous nous serions assez mal vu dévaler 15 kilomètres de secteur pavés.
Lorsque tu te lances dans une traversée des Alpes ne te fait pas accompagner par un type estropié. Ce ne sont pas des gens comme nous. Ces types là n'ont plus peur de rien une fois qu'on leur a fait l'affront de les amputer d'un morceau. Eric a tenu deux kilomètres derrière moi avant de craquer et me doubler à la faveur d'une ligne droite dans laquelle je commençais à prendre un peu trop de vitesse. Il m'a suffit d'un seul coup de frein et Eric s'est retrouvé deux mètres devant.
Et comme son sens de l'orientation n'est tout de même pas devenu supérieur au mien nous avons fait un petit tour dans Airolo avant de nous engager dans le joli val de Bedretto. Douze kilomètres de pente douce nous ont conduit jusque Cioss prato; véritable début des hostilités dans l'ascension du nuefenpass (2478m). Jean Luc et Philippe roulaient devant à la recherche de points d'eau et nous retrouvaient tous les trois kilomètres. Eric s'arrêtait à chaque fois pour tailler la bavette avec eux avant de me rattraper. Au début j'ai cru qu'il se faisait ramener en bagnole mais il n'en était rien. Moi je faisait super attention à la régularité de mon rythme et me faisait servir des bidons pris à la volée. Eric à ainsi joué à l'élastique jusqu'en haut du col dont les douze dernières bornes faisaient 8% en moyenne.
Et puisqu'un gamin reste un gamin il a commencé à faire des boules de neige dès l'apparition des premières plaques; un coup à faire fuir les marmottes.
Les courageuses bêtes sont venues voir tout de même. Puis derrière un virage un petit groupe de touristes semblaient observer un détail dans la montagne. C'est Eric qui a aperçu le chamois en premier, les cornes joliment pointées et la silhouette en contre jour de carte postale.
Ils regardaient le chamois en ligne de crête sans voir un bouquetin qui se tenait immobile à 30 mètres devant nous, un mâle magnifique avec ses immenses cornes crénelées. De panique émerveillée j'ai raté ma photo inratable alors que l'animal posait patiemment pour moi, bien découpé sur la plaque de neige.
Le Nufenen à beau être le plus haut col de la Suisse, il est bien plus élégant que ses puissants voisins; Gothard, Furka, Grimsel et autre Oberalp. Le Ticino profite d'un petit méplat juste après sa source pour former un lac en haut du col enneigé . Les cimes blanches disposées tout autour, plus hautes seulement de quelques centaines de mètres cisellent finement l'horizon. Ce col est un joyaux.
De l'autre coté le Valais s'offre à nous, immense.
A Ultrichen Jean Luc Prends le relais de Eric. C'est au moment de la transition que je remarque ses difficultés dans les déplacements. Jean-Luc a eu les les deux chevilles impactées dans les tibias dans une chute et celles ci ont perdues leur mobilité. Sur le vélo c'est un monstre de puissance que je réussis à suivre tant bien que mal durant une dizaine de kilomètres avant de lâcher prise: pas question pour moi de me "brûler" avec ce qui compose mon menu cycliste quotidien.
Lorsque Jean Luc laisse le relais à Philippe le ciel devenu noir laisse échapper ses premières gouttes de pluie et c'est un déluge qui nous attends à Brig. Il n'est que 18h30. La route continue en faux plat descendant jusque Ardon où doit se terminer l'étape. Comme je n'ai aucune envie d'en terminer aussi vite avec mes compagnons je propose l'ascension du Simplonpass (2009m) que j'avais initialement prévu d'éviter tant la journée me paraissait chargée en difficultés. Philippe est d'accord, nous sommes trempés. Eric et Jean-Luc, dans la voiture, sont hilares. Nous attaquons vaillamment les premières rampes du Simplon dans une épaisse forêt de Sapin sous le ciel noir, les éclairs et un déluge de pluie. Durant les vingt kilomètres d'ascension (plutôt régulière à part 3 kilomètres à 10% en le km 4 et le km 7) nous parlons sans arrêt, ou plutôt je raconte à Philippe les dix dernières années de ma vie pour expliquer ce que je fous là.
En haut du col la pluie s'est arrêtée. Philippe remonte dans la voiture. Je n'attends pas et commence la descente. Après deux kilomètres il fait trop froid. J'attends la voiture qui n'arrive pas. Je suis gelé. Il arrive au bout de dix minutes à cause d'un long feux rouge à l'entrée d'un tunnel. Eric ouvre la portière.
"T'es sûr que tu vas rouler jusque Ardon comme ça? Il fait déjà presque nuit. La pluie recommence à tomber et il y a encore soixante kilomètres. On veux bien t'éclairer avec la voiture pour rouler mais c'est un coup de 11h du soir...
J'hésite. Eric d'habitude si enthousiaste ne sent pas le coup. Si j'avais été seul je crois que j'aurai continué mais demain ils se lèvent tous les trois à 5h heures du matin pour marcher dans la Vanoise alors à contre coeur je décide de plier les affaires et de monter avec eux et me disant que si j'avais été seul je n'aurai jamais monté le Simplon, et c'est pliés en huit tous les quatre avec les trois vélos et moi dans le coffre de la 207 que nous atteignons le petit village de Ardon. Je frappe à la porte de chez Laurence et Edmond à 22h15 tapantes; mon heure d'arrivée annoncée 3 semaines plus tôt.
......Eric et ses copains étaient stationnés sur le parking d'un large virage de la descente conduisant à Airolo.
"Saluuuuuut!!!!!!!!!!!"
Il y a des poignées de main plus importantes que d'autres. Des mains plus larges et plus fermes que d'autres. Des mains qu'on est pas pressé de lâcher mais qu'on lâche tout de même dans l'impatience du bonheur de ce qui va suivre. J'ai pensé à celle la depuis le début de mon voyage. On ne s'est pourtant côtoyé qu'une dizaine de jour en tout en pour tout mais Eric est dans ma tête quelqu'un de tout à fait spécial.
J'avais d'abord reçu à la maison un coup de fil d'un de mes meilleurs amis pour me parler de lui: Amputé de jambe à la suite d'un accident d'origine électrique, il était en rééducation dans un centre parisien. L'état de ses cicatrices était tel et son moignon si court qu'il portait un appareil bloquant son genou. On lui a proposé la version définitive d'une prothèse de ce type au bout d'une année. Alors il s'est vraiment mis à peser si cela valait la peine de vivre ainsi. Mon pote m'a mis en relation avec lui et ensuite tout s'est passé très vite: Eric m'a envoyé des photos de son amputation par internet que j'ai montré au médecin de mon service. Ensembles nous sommes immédiatement tombés d'accord sur le procédé d'appareillage pouvant lui convenir; un appareil de contact sur une enveloppe de silicone venant mouler l'intérieur de chaque cicatrice. J'ai proposé à Eric de venir habiter une semaine à la maison et d'apporter son VTT car je bosse à 30 kilomètres de chez moi. Eric nous a fait entièrement confiance et s'est pointé la semaine suivante en Véhicule sanitaire depuis sa Normandie natale jusque Nancy, sa bicyclette dans le coffre. Nous sommes rentrés le soir ensembles. Il s'est tapé les 30 bornes et les deux cotes avec son appareil d'essai.
Cette semaine là il a parcouru 250 kilomètres. Il ne s'était quasiment pas déplacé depuis un an. Eric ne fait jamais les choses à moitié. Lorsque je lui ai parlé de mon projet il a aussitôt étudié la possibilité de faire une ou plusieurs étapes. Il serait resté avec moi tout le week end si Jean-Luc et Philippe venus l'accompagner ne lui avaient pas proposé une randonnée pédestre de deux jours dans le massif de la Vanoise.
Dans ce coin de Normandie la solidarité avait prise des allures exceptionnelles. Eric ne devait pas qu'à sa seule volonté son extraordinaire vitalité. Son entourage s'était entièrement mobilisé pour lui. On avait l'air de savoir ce qu'il fallait pour vivre, là bas. C'est toujours avec bonheur que je pense à ce petit coin de Suisse Normande.
Pour l'heure, la Suisse, la vraie, était le théâtre de notre nouvelle rencontre. Eric m'a présenté à Jean Luc et à Philippe qui l'ont aidé à préparer son vélo de course et sans plus tarder nous nous sommes lancés dans la descente...sur la route réservée aux voitures bien entendu. Nous nous serions assez mal vu dévaler 15 kilomètres de secteur pavés.
Lorsque tu te lances dans une traversée des Alpes ne te fait pas accompagner par un type estropié. Ce ne sont pas des gens comme nous. Ces types là n'ont plus peur de rien une fois qu'on leur a fait l'affront de les amputer d'un morceau. Eric a tenu deux kilomètres derrière moi avant de craquer et me doubler à la faveur d'une ligne droite dans laquelle je commençais à prendre un peu trop de vitesse. Il m'a suffit d'un seul coup de frein et Eric s'est retrouvé deux mètres devant.
Et comme son sens de l'orientation n'est tout de même pas devenu supérieur au mien nous avons fait un petit tour dans Airolo avant de nous engager dans le joli val de Bedretto. Douze kilomètres de pente douce nous ont conduit jusque Cioss prato; véritable début des hostilités dans l'ascension du nuefenpass (2478m). Jean Luc et Philippe roulaient devant à la recherche de points d'eau et nous retrouvaient tous les trois kilomètres. Eric s'arrêtait à chaque fois pour tailler la bavette avec eux avant de me rattraper. Au début j'ai cru qu'il se faisait ramener en bagnole mais il n'en était rien. Moi je faisait super attention à la régularité de mon rythme et me faisait servir des bidons pris à la volée. Eric à ainsi joué à l'élastique jusqu'en haut du col dont les douze dernières bornes faisaient 8% en moyenne.
Et puisqu'un gamin reste un gamin il a commencé à faire des boules de neige dès l'apparition des premières plaques; un coup à faire fuir les marmottes.
Les courageuses bêtes sont venues voir tout de même. Puis derrière un virage un petit groupe de touristes semblaient observer un détail dans la montagne. C'est Eric qui a aperçu le chamois en premier, les cornes joliment pointées et la silhouette en contre jour de carte postale.
Ils regardaient le chamois en ligne de crête sans voir un bouquetin qui se tenait immobile à 30 mètres devant nous, un mâle magnifique avec ses immenses cornes crénelées. De panique émerveillée j'ai raté ma photo inratable alors que l'animal posait patiemment pour moi, bien découpé sur la plaque de neige.
Le Nufenen à beau être le plus haut col de la Suisse, il est bien plus élégant que ses puissants voisins; Gothard, Furka, Grimsel et autre Oberalp. Le Ticino profite d'un petit méplat juste après sa source pour former un lac en haut du col enneigé . Les cimes blanches disposées tout autour, plus hautes seulement de quelques centaines de mètres cisellent finement l'horizon. Ce col est un joyaux.
De l'autre coté le Valais s'offre à nous, immense.
A Ultrichen Jean Luc Prends le relais de Eric. C'est au moment de la transition que je remarque ses difficultés dans les déplacements. Jean-Luc a eu les les deux chevilles impactées dans les tibias dans une chute et celles ci ont perdues leur mobilité. Sur le vélo c'est un monstre de puissance que je réussis à suivre tant bien que mal durant une dizaine de kilomètres avant de lâcher prise: pas question pour moi de me "brûler" avec ce qui compose mon menu cycliste quotidien.
Lorsque Jean Luc laisse le relais à Philippe le ciel devenu noir laisse échapper ses premières gouttes de pluie et c'est un déluge qui nous attends à Brig. Il n'est que 18h30. La route continue en faux plat descendant jusque Ardon où doit se terminer l'étape. Comme je n'ai aucune envie d'en terminer aussi vite avec mes compagnons je propose l'ascension du Simplonpass (2009m) que j'avais initialement prévu d'éviter tant la journée me paraissait chargée en difficultés. Philippe est d'accord, nous sommes trempés. Eric et Jean-Luc, dans la voiture, sont hilares. Nous attaquons vaillamment les premières rampes du Simplon dans une épaisse forêt de Sapin sous le ciel noir, les éclairs et un déluge de pluie. Durant les vingt kilomètres d'ascension (plutôt régulière à part 3 kilomètres à 10% en le km 4 et le km 7) nous parlons sans arrêt, ou plutôt je raconte à Philippe les dix dernières années de ma vie pour expliquer ce que je fous là.
En haut du col la pluie s'est arrêtée. Philippe remonte dans la voiture. Je n'attends pas et commence la descente. Après deux kilomètres il fait trop froid. J'attends la voiture qui n'arrive pas. Je suis gelé. Il arrive au bout de dix minutes à cause d'un long feux rouge à l'entrée d'un tunnel. Eric ouvre la portière.
"T'es sûr que tu vas rouler jusque Ardon comme ça? Il fait déjà presque nuit. La pluie recommence à tomber et il y a encore soixante kilomètres. On veux bien t'éclairer avec la voiture pour rouler mais c'est un coup de 11h du soir...
J'hésite. Eric d'habitude si enthousiaste ne sent pas le coup. Si j'avais été seul je crois que j'aurai continué mais demain ils se lèvent tous les trois à 5h heures du matin pour marcher dans la Vanoise alors à contre coeur je décide de plier les affaires et de monter avec eux et me disant que si j'avais été seul je n'aurai jamais monté le Simplon, et c'est pliés en huit tous les quatre avec les trois vélos et moi dans le coffre de la 207 que nous atteignons le petit village de Ardon. Je frappe à la porte de chez Laurence et Edmond à 22h15 tapantes; mon heure d'arrivée annoncée 3 semaines plus tôt.
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