Après une longue absence, je reviens au forum. Il est vrai que jusqu'à maintenant, je croyais tenir le coup et prendre les choses au fur et à mesure qu'elles venaient (opérations, rééducation, fabrication de prothèse, changement de prothèse...) mais là, j'en ai franchement marre. Ça prend tellement de temps pour que je me rétablisse que ça me préoccupe pour mon travail.
Je suis traductrice d'enquêtes pour la police au Ministère de l'Intérieur. En janvier 2010, en attendant le RER pour rentrer chez moi, j'ai fait un malaise qui m'a fait faire quelques pas sans que je m'en rende compte. Arrivée au bord du quai, j'ai fini par perdre connaissance et je suis tombée sur les rails juste au moment où le train arrivait. J'ai perdu ma jambe droite (je n'ai plus de genou) et j'ai eu de multiples fractures (genou, tibia, cheville) à l'autre jambe.
Je pensais que malgré tout, je pourrais reprendre mon travail dans un an, maximum 2 mais là nous allons bientôt entamer les 3 ans (et 2013 est foutu). J'ai dû subir 3 opérations et je commence tout juste à apprendre à marcher avec la prothèse entre les barres.
Je commence à trouver le temps long et plus ça va, plus j'ai peur pour mon travail au Ministère. J'aurai 50 ans en décembre et je me dis que je risque de ne pas être reprise. A cause de l'âge que j'aurai bien sûr (je ne sais pas du tout quand je serai définitivement rétablie mais j'imagine que ce n'est pas demain la veille) mais aussi parce que j'aurai été absente trop longtemps. J'ai surement été remplacée et bien que ce soit un accident du travail, ils sont bien capables d'essayer de s'arranger pour que je ne revienne pas (négociation financière ou autre...). Bien que je travaille dans les bureaux, qui voudra de moi, maintenant que je suis invalide ? Même si je suis appareillée. Je risque de leur causer des soucis (financiers, administratifs, etc.).
Mon travail c'était ma fierté. J'avais toujours rêvé d'être policière. Le destin en a voulu autrement et j'ai longtemps travaillé comme secrétaire trilingue. C'est grâce à la Cotorep et plus précisément à l'ARERAM que je me suis retrouvée dans le milieu policier en 2005. Pour moi, c'était le rêve qui devenait réalité. J'avais du mal à y croire, tant ça me paraissait extraordinaire.
De plus, mon patron était très content de moi et je m'entendais bien avec tout le monde. J'adorais mon travail. Puis, au bout de 5 ans, il y a eu cet accident qui a tout foutu en l'air. Je me souviens qu'à l'hôpital, je ne cessais de parler à mon mari de mon travail, de ma reprise. Je m'inquiétais plus de savoir quand je pourrais retravailler que de quand je pourrais remarcher tout court.
Et c'est toujours le cas. Plus le temps passe, plus j'ai peur de ne pas pouvoir retravailler. J'y pense presque tout le temps; ça me fait tellement peur. Si on ne veut plus de moi au Ministère, ce sera la catastrophe.