Un petit souvenir, histoire de trinquer avant mon départ en vacances au pays des pluies et des moustiques, le long des lacs écossais.... je serai donc aux abonnés absents durant trois semaines.
....Retour du raid VTT au Maroc...... Il y a... 9 ans de cela....
.....On venait de quitter nos amis avec lesquels on venait de vivre cette aventure magnifique.
On venait de quitter l'amicale marocaine des handicapés qui avait réussis à la rendre possible et à en faire un cauchemar, ce qui n'était pas facile. On venait d'avaler nos 400 premiers kilomètres de 4X4.
4 places pour cinq, un blaireau qui fait semblant de dormir pour garder sa place et la conserver le plus longtemps possible, un autre qui défend la sienne en gardant étendue sa jambe amputée, et le troisième au volant. Moi sur l'épine dorsale du siège arrière, JP en co-pilote improbable.
On venait de passer le poste de douane; supporter Daniel qui pétait de trouille de finir ses jours dans les geôles marocaines, négocier avec l'interprète pour se passer de ses services, monter dans le car-ferry.
On venait de vivre deux semaines inoubliables, le meilleur et le pire avec trente personnes incroyablement différentes; françaises, marocaines, amputées, valides, très pauvres, très riches, amorales, immorales, trop morales ou pas, sur des vélos ou pas, en montagne, en plaine...on finit par s'y perdre.
On était crevés, crevés, crevés.
Les blaireaux mis en soute, on s'est retrouvé tous les deux, JP et moi, sur ce pont flottant, à soupirer entre les côtes de l'Espagne et celles de l'Afrique qu'on ne reverrait peut-être pas de sitôt.
La mer scintillait d'éclats de soleil, le ciel était bleu, bleu...
- ... Tu sais quoi ?
- ....
- ....
- ... Quoi ?
- Je me boirai bien un Pastis, là, les pattes en l'air face à la mer.
JP s'est levé et a disparu.
Il est revenu quatre minutes après avec un litre de Ricard, les bras légèrement rentrés comme à son habitude, un peu voûté comme pour souligner un certain empressement sans trop en avoir l'air, mais quand même.
- Je n'ai trouvé que ça...Et des gobelets en plastique piqués au distributeur
.
- Excellent !
Et tous les deux, on s'est relaxés, légèrement vaporisés par l'alcool en même temps que s'éloignait le Maroc, derrière nous. Une heure hors du temps, entre deux continents, unis par cette aventure, ces rencontres et par les liens d'un sang à la limite de la norme communément admise.