Chers amis, je vous partage mes premières impressions à mon retour de Venise. Raisonnablement, je devrais dormir à cette heure - ci, mais c'est sans compter sur toute l'adrénaline de ces derniers jours qui n'est pas encore tombée et me garde éveillée. Peut-être, est ce l'envie de continuer une belle aventure, par l'écriture, après qu'elle soit finie. Merci pour vos petits mots d'encouragements que j'ai lu dans le" 5ème jour" de J-Luc.
Allez, je vous laisse là, juste le temps de faire un copié - collé ( pas envie de perdre mon message ).
La ligue Rhône Alpes handi kayak associée au club du CKDM (Décines) sont à l'origine du projet Vogalonga 2013. Emmener 9 handis et 10 valides qui navigueront en K2 de mer sur la lagune de Venise. Les handis sont tous licenciés dans un club de Rhône-Alpes.
Jeudi 16 mai 2013 - Nous sommes partis avec deux minibus, 2 remorques chargées de bateaux. Départ 20 H de Décines. Les chauffeurs n'ont pas eu de chance, le temps était pourri pluie incessante, faisant baisser la moyenne kilométrique. Une heure d'attente pour entrer dans le tunnel de Fréjus pour cause de travaux.
Vendredi 17 mai - Arrivée au Camping Fusina à 7H30. Nous n'aurons que le temps de décharger nos bagages à la hâte, dans deux mobil home (les autres n'étaient pas encore disponibles), de prendre notre petit déjeuner. Une navette part bientôt. Nous partons à la découverte de Venise à pied et en fauteuil. Les accompagnants auront eu fort à faire pour faire franchir un grand nombre de ponts à nos deux amis. Ma copine amputée tibiale et moi-même les franchissons à pied, nos accompagnants prenant notre fauteuil.
Samedi 18 mai - Veille de la course- Nous avons eu le bonheur de naviguer 10 kms sur le grand et les petits canaux de Venise. Diego, le président du Club de Mestre, nous a servi de guide. Ce jour, par bonheur, il faisait grand beau. La vision de Venise depuis nos bateaux est magnifique. Dans ces petits canaux nous n'avons croisé personne !! Pas de bruit de trafic, tout est calme, et l'on peut rêver en contemplant les façades si colorées, les terrasses Vénitienne perchées sur les toits, les jardinets qui se dévoilent derrière une petite grille.
Sur le grand canal, au croisement d'une rue, sur notre droite la pointe d'une gondole débouche devant la pointe de notre bateau. Il n'y a aucune visibilité. Stop machine arrière, la gondole est prioritaire ! Je vois à l'avant de celle-ci, un photographe sur son trente un, puis des fleurs blanches, puis un bout de voile blanc. Je saisis mon appareil photo, juste de temps de garder un souvenir des deux mariés. Venise, la gondole et les mariées j'ai vu le tableau vivant sous mes yeux.
Dimanche 19 mai 2013 - On y est c'est le grand jour. Au petit déjeuner, je ne peux me nourrir correctement, je suis tendue. Le temps est compté pour chacun de nous. Pour ma part, savoir si mon bateau sera sorti de la remorque assez tôt est ma préoccupation du moment. J'ai besoin de temps pour fixer mes calages. A terre, cela veux dire d'abord mettre dans le caisson avant quelques barres de céréales et de l'eau. Déposer ma plaque centrale de mousse, la fixer avec une sangle à l'arrière de mon siège. Je m'assois sur mon siège, je quitte mes deux prothèses que je mets dans un sac étanche, ainsi que ma paire de cannes pliantes. Didier (pas mon mari, mon binôme) fixera l'ensemble sur le pont arrière. J'ai gardé mes manchons silicone. Une fois que je suis bien installée sur le fond de ma cale centrale, je fixe à l'aide de scotch resituant à l'humidité, mes cales latérales. Je mets du scotch autant que cela est possible, j'assure un maximum. Je ne veux pas qu'une seule cale bouge ou se déplace pendant la course.
Deux costauds me portent assise dans le bateau (qui pèse à lui seul 35 Kg) sur quelques mètres pour de déposer à la cale de départ. Pas le temps aujourd'hui, ni l'espace d'embarquement disponible, nous sommes nombreux, de remettre mes prothèses, de marcher et de les quitter à nouveau pour l'embarquement près de l'eau et éviter un portage à mes amis. Mon co-équipier embarque à son tour. Notre bateau N°19 et dossard 1258 est prêt. Il rejoindra bientôt les quelques 1700 autres bateaux venus de toute Europe et peut-être de plus loin je n'ai pas vérifié.
Du camping nous avons embarqués à 7H45. Nous avions prévu 1 heure de traversée pour rejoindre la place St Marc à 9H. Avec le vent de face, de grosses vagues et la pluie dès le départ, nous sommes arrivés finalement en 1H15. Pour un peu, nous n'aurions pas entendu tonner le canon qui annonce le départ. A peine arrivés avec 6 kms dans les bras, nous partons pour les 32 Kms de la Vogalonga. Le vent, les vagues, la pluie battante, les paquets de vagues en plein visage, le froid, je me dis que la route va être longue !
A mi parcours ravito 2 bananes et une bouteille nous sont proposé. On dégage de cette zone pour, quelques mètres plus loin, nous arrêter 10 minutes maxi. Juste le temps de se restaurer, de refermer les caissons. Il pleut, on a encore plus froid dès qu'on s'arrête,, donc,,, on repart
Dans les passages "critiqui" comme indiqué sur la carte, en fait des goulets, il faut faire très attention aux avirons, aux dragons boats. Il y a des frottements dangereux pour les avirons. Les passagers lancent un regard inquiet à leurs voisins kayakistes.
Derniers kilomètres Venise apparait sous le soleil. Enfin, et cela fait du bien.
Arrivée dans les canaux, les badauds acclament les participants. Un groupe de Vénitiens, réunis sur un balcon, tapent munis de cuillère ou de louche à grands coups sonores à coup sur les plats en métal !
Notre groupe a bouclé la Vogalonga entre 4h et 4H 30 de navigation incessante avec des conditions météo peu favorables. Nous sommes heureux, nous l'avons fait, nous recevons notre diplôme de participation et notre médaille. Photos suivrons
A l'arrêt, au point de rendez vous donné pour notre groupe, nous sommes contents, tous bien fatigués. Chacun garde pour lui ces petits bobos et douleurs. On est trempé, détrempé, et l'on songe en silence à ce qui nous attend encore. Car après ces 32 kms, il faut rentrer au camping. Encore 6 kms, avec des creux de 50 cm, un vent de face, le bateau qui tape, chaque mètre parcours est bien gagné. Sur cette seule journée nous avons navigués environ 6H30/7H et parcouru 40 kms.
De retour de la Vogalonga.. je peux vous le dire elle porte bien son nom
! Elle est faite cette course, c'était à faire, et à voir !
Je vais en rêver encore pendant quelques temps et enfin réaliser, que finalement, ce n'était pas un rêve.