Je me souviens; c'était hier, à cinq heure du mat. J'étais levé tôt pour une de ces randonnée en bicyclette que j'affectionne au printemps:
L'aube touloise est propice à l'apparition d'un castor, de quelques chevreuils ou d'un troupeau de lapins.
Embué et hagard j'ai voulu me faire un café. Et dans le placard; horreur! que vois je: l'intérieur était noir de fourmis.
J'ai une compassion modérée pour les insectes affamés rodant autour de mes confitures. Sans rien laisser paraître de ma mauvaise humeur générée par les petits exapodes, je les ai consciencieusement fait disparaître au moyen d'une éponge humide pour les transporter jusque dans le siphon de mon évier.
Comment faire pour contrer le retour inévitable des compagnons rescapés? Dominique ne permettra jamais l'usage d'un poison ou même d'un produit non éprouvé par un label bio. J'avais sortis tous ce que le placard contenait de d'amandes moulues, de sucre, de miel et de confiture et à bien y regarder aucune fourmis n'avait investi les précieux objets.
C'est alors que mon regard se porta vers le pot de cerise au kirsch. Comme le mélange en est assez sombre je n'avais pas remarqué l'agitation extrême à la surface du verre. Je venais de foutre en l'air rien moins qu'une orgie-party-héminoptérique et si j'avais eu l'oreille assez fine j'aurais pu entendre chanter les plus saoules et me gueuler dessus les principaux piliers de comptoir.
Alors hier soir, en revenant de ma ballade, Sarah, Dominique et moi avons tenus conseil avant de décider d'offrir (à l'extérieur) nos précieuses cerises aux courageuses bêtes. Avec tout le boulot qu'elles abattent pour leur reine qui n'en fout pas une rame elle ont bien droit à un peu de bon temps.